mercredi 12 octobre 2016

Baltique : baisse drastique des quotas de cabillaud


Publié le 11/10/2016 17:28 | Mis à jour le 11/10/2016 17:28
Le cabillaud de Baltique ouest était au cœur des négociations sur les quotas de la Baltique, le lundi 10 octobre. Entre les -88 % proposés par la Commission européenne et les -20 % défendus par un front de pays pêcheurs, le compromis a abouti à une baisse sévère de -56 %, d’une ampleur inédite.
Du cabillaud chez un mareyeur à Travemünde, au nord de Lübeck, la partie ouest de la Baltique, la plus touchée par la réduction de quota. (Photo : Lionel Flageul)La négociation, ardue, s’est poursuivi jusqu’à 22 h, avant que les ministres européens de la Pêche ne s’accordent sur les quotas de pêche pour la Baltique. Sur 10 stocks, quatre ont des quotas conformes aux propositions, deux des quotas carrément inférieurs aux propositions et quatre des quotas dépassant la proposition, dont le cabillaud.
Conformes : la plie en forte hausse (+95 % à 7 862 tonnes), et trois stocks de hareng avec des hausses modérées (+8, +8 et +17 %). Quotas inférieurs aux propositions (c’est rare !) : le sprat à +29 % (contre +40 % proposés) ; un des deux stocks de saumon stable (contre +10 %). Et donc, non-respect des propositions pour le hareng du golfe de Riga (-11 % au lieu de -21 %), le saumon du golfe de Finlande (-20 % contre -28 %) et les deux stocks de cabillaud. À l’est, il baisse de 25 % (de 41 143 à 30 857 tonnes), contre une proposition à -39 %. Et à l’ouest, secteur le plus problématique, le quota de cabillaud chute de 56 %, de 12 720 tonnes à 5 597 tonnes, contre -88 % proposés, une baisse ardemment défendue par la Pologne, tandis que le Danemark et l’Allemagne refusaient toute forte coupe. Chacun a lâché pour arriver à ce compromis. Des mesures s’ajoutent pour le cabillaud : pêche récréative limitée à cinq cabillauds par jour, fermeture de la pêche étendue à huit semaines lors de la reproduction.

Réactions contrastées


Les réactions sont contrastées. Pour Gabriela Matecna, ministre slovaque et président du Conseil, c’est « un excellent résultat, pour l’environnement et les pêcheurs de la Baltique », et il l’estime« en accord avec le nouveau plan multiannuel pour la Baltique ». Même satisfaction du commissaire européen Karmenu Vella : sa proposition à -88 % pour le cabillaud occidental était « en ligne avec la limite supérieure de l’avis scientifique, pour ramener le stock à la durabilité le plus tôt possible », mais la réduction plus faible acceptée « est encore bien au-dessus de la limite inférieure des avis scientifiques et bien dans le plan de gestion ». Il souligne la prise en compte de l’impact pour la pêche artisanale et les mesures supplémentaires.
La fondation Pew est plus sévère : « Les ministres semblent avoir à nouveau ignoré les conseils scientifiques et décidé de la poursuite de la surpêche dans la Baltique, commente Andrew Clayton, directeur de la campagne pour mettre fin à la surpêche au nord-ouest de l’Europe. Non seulement ces décisions sont mauvaises pour les stocks halieutiques de la Baltique et les pêcheurs qui dépendent d’eux, mais elles sont beaucoup plus dommageables pour la gestion future de la pêche et la prise de décision dans l’Union européenne, envoyant un message clair au Parlement européen, que le Conseil enfreindra les règles décidées avec le Parlement. »

Une baisse d’une ampleur jamais vue


Mais en aparté, leurs observateurs concèdent que ce n’est pas si mal. « Avec 6 stocks sur 10 en vert, symboliquement, le Conseil adopte une posture plus conservationniste, c’est nouveau, souligne Stephan Beaucher, conseiller en gestion des pêches (de Pew notamment).  Et de mémoire d’observateur, on n’avait jamais vu une baisse supérieure à 50 % hormis pour les pélagiques. On peut voir la bouteille à moitié vide, ou pleine. Les ministres ont fait une grande partie du chemin. Mais tout déséquilibre qui n’est pas compensé s’accroît, et on approche de l’échéance de la PCP : le RMD en 2020. Il y a de la procrastination, à remettre la patate chaude à l’année suivante. »
Quant à savoir si les quotas adoptés respectent les fourchettes complexes du plan de gestion pluriannueladopté avec peine en mars, cela reste à analyser plus finement, souligne Stéphan Beaucher. En tout cas ce plan, à peine évoqué, n’a pas servi de base à la négociation. Cet accord ouvre le bal des quotas 2017, et la mise en œuvre des plans de gestion pluriannuels, alors que se prépare celui de la mer du Nord avant l’Atlantique.

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